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Un été 1960, du Nord au Sud (1) Colombes et Bonneuil-sur-Marne

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  J e reprends après pratiquement un an la lecture de mes carnets des années 60 qui ont transité entre Strasbourg et Neuvecelle, pour finalement revenir à Paris, non loin de leur source. La défection de Wordpress, après celle de l’espace web offert par le quotidien «  Le Monde  » , puis mon retour vers Paris, m’ont laissé en quelque sorte sur le bord de la route de l’écriture pour les réseaux de blogs que j’avais ouverts en 2021 et 2022. C’est le cas en ce qui concerne les «  Instantanés  » dont les posts d’humeur ont remplacé ceux de «  Mémoire d’Europe  » qui me permettaient de purger des sentiments de colère politique et sociale, mais aussi de poser des repères sur les voyages et les rencontres qui constituaient mon quotidien dans les années 2000. Je sais que la naissance de cet espace européen doit beaucoup à la mobilisation de Marie contre le CPE et à la nécessité que j’ai alors ressentie de garder des repères, dans un calendrier de plus en plus accéléré. Aujourd’hui mon

Diderot, Molière et Mozart, un samedi ordinaire, le 4 juin 1960

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  Je cite intégralement : «  Après un cours de français consacré à une imitation du «  Neveu de Rameau  » de Diderot sur un violoncelle et une séance de dictée, cet après-midi, je me suis mis sur la chaise longue au soleil en lisant le Guide Bleu sur l’Autriche.  J’ai écouté « Les mille histoires de la musique » qui étaient consacrées aux voyages de Mozart en Italie où il fut durablement influencé par la musique des compositeurs de ce pays et où se situe cette anecdote : Mozart ayant écouté un Requiem dans une église, a fait le pari de s’en souvenir intégralement. Et en effet en rentrant à l’auberge il reproduisit de tête l’intégrale du morceau presque sans fautes. J’ai ensuite écouté «  Rendez-vous à cinq heures  » où est intervenu un sociétaire de la Comédie Française qui revient d’Amérique où il a mis en scène « Le Misanthrope » de Molière en langue américaine . » Il reste bien entendu beaucoup d’énigmes dans ce texte, énigmes d’autant plus difficiles à résoudre après autant d

Un pas de danse...et puis s'en va

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Je l'avais annoncé dans le post précédent : la semaine se termine, le samedi 21 mai 1960, par une soirée à la Salle Pleyel où se trouve le siège des activités musicales des jeunes . " Je suis allé voir les ballets classiques présentés par Charles Imbert (journaliste musical connu à l'époque) et Serge Lifar qui nous ont expliqué les origines et l'histoire de la danse académique.  Parmi les ballets présentés dans la soirée qui a suivi l'avant-première de l'après-midi : La mort du cygne (dans la chorégraphie du maître) et un recueil de mouvements sur une musique de Chopin. Puis, en costume et pourpoint violets, il a commenté " Aubade ", ballet retraçant l'histoire de "Diane surprise au bain par un chasseur" avec le transformation dudit chasseur en cerf."  C'est seulement aujourd'hui, en relisant mon texte, que je me souviens que cette musique de ballet a été composée par Francis Poulenc , un musicien néo-classique dont j'

Faire le Tour du Monde : La Foire de Paris

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  Je n’arrive pas à avancer très vite dans la lecture du carnet N°2, car le mois de mai 1960 se révèle plein d’activités parisiennes. L’une d’entre elles devrait revenir régulièrement dans les carnets suivants car j’appréciais particulièrement ce rendez-vous annuel qui m’amenait avec mes grands-parents paternels vers la Porte de Versailles où se déployait, comme un ensemble d’attractions remplies de trésors, la populaire Foire de Paris. Heureusement que j’ai écrit sur cette journée du jeudi 19 mai 1960 que je qualifie de «  mémorable  » et qui méritait un petit dessin car, à part quelques gadgets comme l’appareil à retirer les bouchons qui ont malencontreusement glissés dans la bouteille au lieu d’en être extirpés par le tire-bouchon, toutes les inventions du Concours Lépine collectionnées avec ferveur par mon grand-père Penette, il ne reste aucune photographie dans les archives familiales.   J’y suis resté ce jour-là de dix heures du matin jusqu’à six heures dans l’après-midi.

Les malheurs de Katia

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  Quelle idée pouvais-je bien me faire de la Russie le 14 mai 1960 après avoir été voir au cinéma de Colombes «  Katia  » ? Ce film serait certainement tombé complètement dans l’oubli s’il n’avait pas bénéficié de la collaboration d’acteurs de premier plan tels Curd Jürgens et Romy Schneider dont les visages respirent la jeunesse, la gloire et toute la brillance artificielle dont était capable le cinéma de ces années-là. La notice qui concerne ce cinéaste est par ailleurs explicite sur le cosmopolitisme qui sous-tend sa vie :  «  C'est en Allemagne que le maitre du film noir Robert Siodmak, issu d'une famille polonaise, passe son enfance. Petit-fils du rabbin Abraham Siodmak, père de 21 enfants, et fils de l'inventeur Ignatz Siodmak, le jeune Robert est un élève de niveau médiocre. Après avoir été à l'université, il fait un peu de théâtre puis devient banquier dans les années 20. C'est en signant les intertitres allemands de films muets américains puis en assist